Adieu Jean Michel, nos pensées éternelles

Jean Michel s’en est allé sur la pointe des pieds…

Depuis son départ le 27 avril 2024, Arfons ne se console pas. Comment le pourrait-il puisqu’avec sa disparition c’est un pan de la vie sociale du village qui rejoint désormais le disque dur de notre mémoire collective.

Ses absences répétées étaient remarquées et redoutées car on le savait récemment occupé à combattre la maladie.

Né au Lampy vieux le 16 avril 1950 , fils de Georges et Lucienne Arfontais depuis des générations, il était l’aîné bien aimé de deux frères. Gérard, Guy et Jean Michel que les amis appelaient affectueusement Doudou, formaient une fratrie solidaire et aimante. 

Les grands parents habitaient rue de l’église, face à l’école communale que Jean Michel fréquenta 4 années.

Puis ce fût l’exode familial vers Castelnaudary où il a connu sa future épouse Jaquotte qui lui donnera deux magnifiques filles, Céline et Caroline, il y effectua l’essentiel de sa scolarité avant l’université à Toulouse.

Ensuite la passion du rugby ne le lâchera plus. Une passion ajoutée à d’autres comme la philatélie, la peinture, les voyages , l’Afrique , le désert, les hommes, l’histoire et la géographie d’un continent au déficit hydrique permanent.  Des aventures partagées avec sa seconde compagne Yannick rencontrée à Hyères où il a fait son service militaire.

Jean Michel inspiré par Paul Riquet* et Théodore Monot**

Rembobinons jusqu’à l’enfance. Elle fut heureuse et marquée par l’amour des siens . 

Il était donc  l’un des trois petits fils de Pierre et Anna ses grands parents paternels.

Or outre son papa Georges qui était employé puis contremaître du canal à Castelnaudary, il était très proche de son grand-père lequel avait aussi travaillé pour le canal du midi. C’est sans nul doute au contact du papy qui faisait également des relevés météorologiques que son  goût pour la découverte de nouveaux horizons s’est peu à peu développé.

L’eau si chère, si précieuse hier et encore d’avantage aujourd’hui à fait son lit dans l’esprit de Jean Michel qui vénérait les beautés de la nature et ses géniaux « sculpteurs » comme Riquet* qui a réalisé de si grands travaux bénéfiques pour toute une région.

Une eau si rare, voire inexistante dans certaines contrées africaines a tant sensibilisé Jean Michel qu’il était devenu un ardent défenseur des ressources naturelles et des trésors environnementaux. Un statut de militant éclairé que personne ne lui contestait.

Le chemin était donc bien tracé, il y eut d’abord l’effet buvard avec tous ces apprentissages et une première restitution avec sa période d’enseignant en collège. L’art de transmettre les connaissances et particulièrement l’histoire et la géographie seront ses deux piliers majeurs dans la suite de son parcours.

Cet art et ce goût pour tout ce qui touche aux sciences humaines ne le quitteront plus. 

Même lorsqu’il fit des détours professionnels comme dans l’entreprise des frères Spanghero ou de retour à Hyères lorsqu’il a créé son entreprise de courtage spécialisée dans l’assurance maritime, le pli de l’aventure et de la création était pris. D’un optimisme infaillible, positif en toutes circonstances même les plus sombres, Jean Michel était un conteur à des heures, attentif à l’autre, prévenant avec le monde du vivant, affectueux avec les siens comme avec autrui. 

Un humaniste tout simplement, comme nous aimerions que ce genre de personne là se multiplie à l’infini.

Jean Michel est devenu le généreux « oncle Picsou »

Jean Michel avait une autre famille bien connue des gens d’ici, des gens du sud ouest. 

Cette famille est celle du rugby. Comme son frère Gérard, il a chaussé les crampons très tôt pour taper dans la « gaufre » et a rejoint le célèbre club de Castelnaudary des frères Spanghero, connu à l’instar de Toulouse comme un vivier à champions. 

Il fût d’ailleurs un beau champion de France en 3ème division en 1974. L’âge aidant il devenait plus tard un aficionados du stade Félix Mayol. Il y avait une réservation permanente parmi les 18 000 places. Pourquoi un tel « privilège »?

De joueur, il était  devenu un fidèle supporter du RCT,  Trésorier du comité de rugby du Var, les amis un peu taquins, le trouvait parfois un peu rigoureux sur les frais générés par les troisième mi-temps d’où le surnom de Picsou.

De retour mais résolument tourné vers le futur

Jean Michel était un enfant du pays. Rien à Arfons ne lui était inconnu. Conseiller municipal apprécié de tous , il a œuvré pour faire d’Arfons un village agréable à vivre en lui conférant les atouts indispensables aux résidents et aux visiteurs. La reconstruction du café-restaurant et la réhabilitation de la place du village en cours de réalisation, c’est lui. La création des sentiers des bornes c’est lui. L’aménagement du pont de Laroque c’est lui. Les bornes d’information pour connaître l’histoire et la géographie d’Arfons, c’est lui. L’association Ora Fontium dont l’objet est la valorisation culturelle locale c’est encore lui. Il en  était d’ailleurs le président. La création de ce site dédié à Arfons depuis trois ans est aussi une idée de Jean Michel aidé par Jean louis Andrieu.

Jean Michel était un amoureux d’histoire, d’arts, de nature, pour bien comprendre le présent et mieux entrevoir l’avenir vers lequel il était résolument tourné.

« Il a adoré ses filles et ses quatre petits fils dont il parlait beaucoup, c’est peu de le dire », dit son frère Gérard. « Le cheval de Yannick, leur passion commune, ils l’ont adoré tous les deux et soigné quotidiennement pendant des années » poursuit-il. « Ils l’ont même amené en vacances à Arfons ». « Je vois son rire quand il racontait l’esprit rugby des Toulonnais, les galéjades il adorait ça » conclut-il.

Jean Michel Doudiès, discret, empathique, heureux seulement quand il croisait le regard de l’autre s’en est allé à pas feutrés.

Son passage aura marqué. Son empreinte est désormais indélébile. Au plus profond,  Jean Michel demeurera dans notre cœur. Et pour conclure disons que la formule de Martin Luther King  lui va si bien. En effet,  « la véritable grandeur d’un homme ne se mesure pas à des moments où il est à son aise mais lorsqu’il traverse une période de controverses et de défis » .

Pierre Buchsbaum 

Arfontais occasionnel et administrateur du site d’Arfons

* Le grand concepteur du canal du midi 

** Scientifique, naturaliste, expert et grand aventurier du Sahara.

8 thoughts on “Adieu Jean Michel, nos pensées éternelles”

  1. Lors de mes recherches sur la rigole d’essai de Riquet, Jean-Michel m’a apporté sa profonde connaissance des manuscrits conservés aux archives du monastère des dominicaines de Prouilhe, à qui appartenait la grange de Ramondens. Ainsi nous avons pu identifier avec précision un lieu repère nommé « le poteau » (gibet) figuré par une croix sur la carte de cette rigole dressée en 1665 par François Andréossy. L’intérêt de Jean-Michel pour les vestiges de ce fossé oublié ne s’est plus démenti. Pour le 350e anniversaire de cette rigole emblématique, en 2015, il fit rééditer (en couleurs) par Ora Fontium le mémoire que j’avais publié 2 ans plus tôt. Ensuite il a pris fait et cause pour la sauvegarde de ces modestes vestiges, provoquant l’action de la DREAL d’Occitanie et du Conseil Départemental d’Archéologie du Tarn. Jean-Michel, ton énergie et ton érudition vont nous manquer quand nous repartirons sur le terrain poursuivre le travail, mais aussi ta bonne humeur et ton amitié.

  2. Repose en Paix mon cher ami, ta bonne humeur laiserra des traces sur mon chemin. J’ai appris l’histoire du canal du midi lors de nos déplacements à l’hôpital de Carcassonne, et bcp de choses…Tu as désormais refermé les vannes qui alimentent le secteur, emportant avec toi tout un savoir faire.
    L’équipe de Vilotte Ambulance te souhaite un doux voyage à travers les cieux.
    Unis dans la prière

  3. un grand merci pour cet hommage rendu a mon cousin JEAN MICHEL rien d’autre à ajouter,sinon qu’il nous manque déjà.francis

  4. J’apprends le décès de Jean-Michel tout à fait par hazard, mais son œuvre prolonge sa vie. Papa: Paul de Trigon, son frère Jean et oncle Gaston Durand-Gorry qui partageaient aussi l’amour de ce village font partie, avec Jean-Michel, des historiens qui nous font tant aimer Arfons, et restent présents dans les lieux par leurs écrits.

  5. Jean -Michel c’est une rencontre autour d’un projet : faire l’histoire du domaine de Beauregard prés de Revel.
    Il a partagé ses connaissances d’historien passionné avec enthousiasme et gentillesse .Nous avons sympathisé ,échangé, rigolé aussi ..car son immense savoir n’avait rien d un académisme guindé .
    C’est cette profonde humanité que je garderai en souvenir .
    Nelly

  6. Un remerciement sincère et profond pour ce magnifique texte qui représente si bien Jean Michel qui nous manque déjà tant. Guy son frère un des trois Doudous

  7. Merci pour ce magnifique texte que nous lirons demain aux obsèques de notre père chéri…
    Céline et Caroline

  8. Merci Pierre pour cet hommage à la hauteur de cet homme d’exception.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Posts