les Sources du canal du midi

La prise d’Alzeau et les rigoles d’alimentation du canal du Midi

Le canal du Midi est né d’un besoin commercial, celui d’amener les produits du Languedoc vers le bassin méditerranéen, et de la nécessité d’assurer par voie d’eau la liaison entre l’Océan Atlantique et la Méditerranée, qui obligeait autrefois les bateaux à emprunter le détroit de Gibraltar.

La faisabilité du canal des Deux-Mers et le problème de son alimentation :

Pendant 150 ans (1500-1650), les projets de canal de navigation entre la Garonne et la Méditerranée avaient tous achoppés sur un point : la région du seuil de Naurouze, où se situait le point de partage des eaux, était très pauvre en sources pérennes et aucune des solutions proposées pour y amener de l’eau en suffisance ne s’était révélée praticable. Dans les années 1650-1660, Pierre-Pol Riquet découvrit que la partie occidentale de la Montagne Noire constituait un énorme château d’eau à partir duquel il pourrait alimenter très correctement un tel canal. Le 15 novembre 1662 il soumit un projet à Colbert.

La rigole d’essai (1665) : une étape décisive dans l’histoire du Canal du Midi. Après avoir fait examiner la proposition sur le terrain par ses experts, à la suite d’un arrêt donné par Louis XIV le 27 mai 1665, Colbert ordonna l’exécution d’une rigole d’essai entre les sources de la Montagne Noire et le seuil de Naurouze pour vérifier concrètement que le projet était viable. Il en confia le soin à Riquet : les travaux commencèrent le 27 mars et s’achevèrent le 2 novembre 1665. Ce canal de dérivation probatoire avait 65 cm de large et autant de profondeur (mais souvent d’avantage), il était long de 16 Km dans la montagne, et 40 Km dans la plaine. Son point de captage se trouvait un peu en amont du hameau de la Galaube.


Le 8 novembre 1665, les Intendants de Languedoc constatèrent que l’eau de l’Alzeau et des ruisseaux captés dans la forêt de Ramondens coulait à Naurouze. La pleine réussite de l’ouvrage convainquit définitivement les autorités et dès l’année suivante Louis XIV ordonnait la construction du Canal Royal de Languedoc.

Abandon et oubli de la rigole d’essai : les vestiges en place.

La rigole définitive fut construite de 1667 à 1672. Dans toute la partie comprise entre la prise d’eau sur l’Alzeau, dans la montagne, et le milieu de la plaine (Graissens) elle suit un itinéraire un peu différent que le tracé primitif. La rigole d’essai tomba alors dans l’oubli. Il existe cependant de nombreux vestiges de cette dernière dans la montagne sur le territoire des communes d’Arfons, et Saissac. Ils se présentent la plupart du temps sous la forme d’un fossé de très faible pente (2,5 pour 1.000). Majoritairement remblayé, ce fossé se laisse encore deviner par une légère dépression centrale et deux bourrelets latéraux, parfois à peine discernables mais le plus souvent bien marqués. L’ensemble est reconnaissable à son aspect linéaire et continu. Vers son origine (La Galaube) il a été transformé en sentier thématique (panneau) par l’O.N.F. sur 350 m environ.

rigole d’essai

Les travaux de la rigole principale commencèrent théoriquement en 1666 après un arrêt du Conseil d’Etat du 14 octobre et durèrent plusieurs années, Riquet fit creuser la Rigole de la Montagne Noire depuis la prise d’Alzeau, située légèrement en aval de la rigole d’essai.

De la prise d’Alzeau au Conquet, elle est constituée principalement en remblai et creusée dans la roche en place, elle n’a pas subi de transformations importantes depuis le XVIIème siècle. Pour sa première partie elle traverse la forêt de Ramondens qui appartenait alors au monastère de Prouilhe depuis 1298 . Les bords de la rigole sont d’un très bel intérêt touristique et un superbe lieu de promenade.

1996, 7 décembre –L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) classait le Canal du Midi, son système d’alimentation et donc ses sources sur la liste du patrimoine Mondial de l’Humanité, l’inscription sur cette liste consacre « la valeur exceptionnelle d’un bien culturel ou naturel afin qu’il soit protégé au bénéfice de cette même humanité »

L’inscription au Patrimoine Mondial implique des obligations pour l’Etat-partie de la Convention signée à Paris en 1972, notamment de conserver la valeur universelle exceptionnelle du bien, et enfin de le transmettre aux générations suivantes.

Côté communal nous avons hérité de ce rare patrimoine, de nombreux projets d’aménagements ont été réfléchis, mais peu de volontés les ont accompagnés, « nous avons un rêve » : que le village d’Arfons porteur de ces richesses monumentales et historiques redevienne ce qu’il a toujours été : le Château d’eau de la Montagne Noire et les Sources du Canal du Midi.