Léa et Paule, nos deux gentilles centenaires, viennent donc de nous quitter… Léa et Paule de longue vie, deux destinées que les aléas de l’existence ont fait se retrouver dans notre village. Léa, l’Audoise de Villemagne, qui rencontra à Pierre l’Arfontais au milieu des années 30. Mariée en 1936 ils choisirent de vivre leur amour à Arfons. Amour contrarié par les déclarations de guerre de 1939. Pierre parti au front, c’est Léa qui prit soin de ses parents. A son retour, ils vécurent de longues années dans la maison de la Toustoune, sur la place du village. Paule, l’Arfontaise, la fille du boulanger qui est partie, sinon oublier, au moins dépasser à Toulouse les blessures d’une vie conjugale brisée. Elle a su rebondir, s’adapter à une nouvelle vie, citadine et professionnelle, puis revenir à Arfons pour, comme la si joliement écrit le poète, « vivre entre ses parents le reste de son âge ». Léa, près de 108 ans. Paule, un peu plus de 100… deux longues vies qui semblent bien différentes, mais qui le sont beaucoup moins qu’il n’y paraît. Elles ont vécu toutes deux des moments difficiles, ont connu toutes deux la tristesse de n’avoir pu avoir d’enfants. Mais elles ont été toujours entourées de l’affection de leurs nièces et neveux. Elles ont aussi connu toutes deux les petits bonheurs simples de la vie dans notre village, les parties de loto de la salle des fêtes ou de scrabble du foyer du troisième âge. Enfin , et peut-être, surtout elles ont toutes deux acquis, l’âge venant, cette sagesse et cette sérénité qui font trop souvent défaut au monde fou que nous vivons et qu’elles viennent de quitter. c’est pour cela que nous avons voulu les accompagner toutes deux ensemble dans leur dernier voyage, en rêvant au-delà de nos croyances ou de nos doutes, qu’elles se sont peut-être une nouvelle fois retrouver et continue à deviser gaiement en nous regardant.